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Blog des élèves de cinéma du lycée Baudelaire de Cran-Gevrier


Still the water

Publié par Nathan Buskulic sur 11 Novembre 2014, 17:10pm

Still the water

Still the water est un film japonais réalisé par Naomi Kawase qui va nous plonger dans l'univers de deux adolescents sur une île du Japon pour nous conter leurs vies. Là où l'on s'attend à un film d'auteur sélectionné à Cannes comme des milliers avant lui et sans une once d'originalité (ou alors en noir et blanc parce que le noir et blanc c'est original et triste...), on se retrouve avec une réelle pépite.

Comme dit précédemment, on se retrouve au cœur de la vie d'une jeune fille et d'un jeune homme. Une vie loin d'être extraordinaire, loin d'être hors du commun, une vie. Le film va aborder des thèmes tels que la mort (notamment du au fait que la mère de la jeune fille est très malade et on nous dit dès le début du film qu'elle va mourir), la maladie ou encore l'amour. La grande force du film est le fait que, pour aborder tous ces thèmes, la réalisatrice ne tente pas absolument de nous rendre les personnages sympathiques : elle nous montre juste ses personnages à un certain moment de leur existence sans nous forcer à aimer ou pas ses personnages (ce qui nous épargne des gros plans où l'héroïne mange des spaghettis). Ce qui marque cela, c'est justement le fait qu'il y ait très peu de gros plans, mais plus souvent des plans plus larges avec d'autres personnes, ce qui humanise encore plus les personnages car la vie se constitue de liens sociaux et pas uniquement de sa seule personne. On ne retrouve finalement que très rarement un personnage seul.

Evidemment, le film va nous montrer l'histoire d'amour naissante des deux personnages. Ce qui là encore aurait pu être niais à mourir et sans intérêt aucun, est incroyablement saisissant de véracité. Mais cette histoire d'amour est presque secondaire puisque le film n'aborde pas un thème précis comme celui là mais l'ensemble de ce qui nous touche au long de notre existence. Ainsi le fait que les deux protagonistes soient des adolescents n'est pas un hasard, car la découverte de leur corps et de la dure réalité que nous propose l'existence ne va pas rendre les choses plus faciles. Ainsi la scène de la mort de la mère est incroyable, car on ne nous montre pas des larmes à tout va pour nous dire que c'est triste (et on n'est pas en noir blanc avec du violon en musique de fond parce que c'est triste) mais juste l'ensemble de la scène sans musique, si ce n'est celle jouée par les personnages et des gens qui font face à la vie.

Le film se caractérise par des plans particulièrement longs mais qui restent tellement beaux que cela ne dérange absolument pas. Le film prend son temps, et on observe par exemple un plan de 25 secondes en plan fixe où les deux protagonistes se regardent. De ce genre de plan qui peut faire peur par sa longueur se dégage une émotion incroyablement intense. En plus de ce genre de plan, la réalisatrice a fait le parti pris de faire en sorte que sa caméra ne soit jamais sur un pied, c'est à dire que, même en plan fixe, la caméra bouge légèrement. La caméra n'est donc jamais réellement fixe, et ce durant tout le film. Et ce qui là encore peut faire peur est incroyablement bien réalisé : ça ne donne en aucun cas une envie de vomir pressante ou une impression de tentative de donner un style au film. Ça marche et on se laisse emporter.

L'élément autour duquel tourne le film et qui lui donne son nom, c'est l'eau. L'eau va rythmer le film, cela va être le lien entre tous les éléments du film. Devant une mer calme, une histoire d'amour va s'écrire, et durant une tempête où la mer est déchaînée, la peur va s'installer. Les quelques plans sous marins sont incroyablement beaux.

Evidemment, pour faire ressortir toutes ces émotions, les acteurs sont absolument incroyables et nous permettent de découvrir le Japon sous un jour très peu connu. Un éclairage sans stéréotype ou cliché, un éclairage japonais du Japon.

Au final, un film incroyablement beau et qui marque par une justesse inattendue dans ce genre de film. Le film nous raconte l'humain. Le maitre mot de ce film est celui-là en effet. Ce film est juste et ce genre de qualité est aujourd'hui tellement rare que nous ne sommes plus habitués à voir des films qui font ressortir tant d'émotions. Comme quoi il n'y a pas besoin d'avoir des scènes de sexes de 25 minutes ou des gros plans de gens qui mangent en racontant des stéréotypes à tout va pour faire un bon film. Ce film a su trouver ce que voulait dire montrer l'homme. Il a su toucher un point que le cinéma avait oublié.

Nathan Buskulic

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