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Blog des élèves de cinéma du lycée Baudelaire de Cran-Gevrier


La Famille Bélier

Publié par Gaël Baudet sur 3 Mars 2015, 18:45pm

Catégories : #Comédie française

La Famille Bélier

La famille Bélier d’Eric Lartigau a été le succès public de ce début d’année 2015 : un beau casting, un décor « France profonde », une star de « The Voice » en rôle titre, un bon bouche-à-oreille et des critiques plutôt généreuses …

Gigi et Rodolphe Bélier ont deux enfants, ils sont éleveurs en Mayenne et vendent leur fromage sur les marchés. Une famille rurale et déjantée tout à fait comme les autres à une différence près :  à l’exception de Paula, leur fille aînée, ils sont tous sourds-muets. Du coup, Paula, du haut de ses 16 ans, sert en permanence d’interprète entre sa famille et le reste du monde. Pas évident de se construire une adolescence normale dans ce contexte. Lorsque son professeur de chant lui fait comprendre qu’elle a un don, une voix, elle entrevoit qu’elle pourrait voler de ses propres ailes vers un destin à elle, un destin qui laisserait forcément de côté sa famille et toutes les responsabilités qui pèsent sur ses épaules.

Rien de bien original dans le scénario de La famille Bélier. Le thème du passage à l’âge adulte et du « départ du nid » a déjà été traité mille fois dans tous les contextes. Et dès le début du film, on se doute bien de la manière dont cela va se terminer. Aucune surprise, tout y est : la petite crise d’adolescence, le premier amour, la bonne copine un peu délurée, le choix cornélien entre rester auprès des siens et assumer une vie toute tracée ou voler de ses propres petites ailes égoïstes, le « Je recule et puis finalement au dernier moment j’y vais… », il ne manque rien. On peut trouver dommage que le film ne s’éloigne jamais de cette trame très prévisible et consensuelle. Le casting emporte en revanche l’adhésion, en particulier grâce à François Damiens et à Karine Viard qui ne s’économisent pas et font mouche dans chacune de leurs scènes. Ce sont deux immenses comédiens qui apportent tout leur talent au service de deux rôles muets très réussis. Si Eric Elmosnino et la jeune Louane Emera s’en tirent eux aussi avec les honneurs, les autres acteurs adolescents sont un cran nettement en dessous, notamment le gentil Gabriel, interprété mollement par Ilian Bergala et dont l’histoire d’amour avec Paula peine franchement à intéresser! Le film est souvent drôle, sans toutefois être franchement hilarant, pas mal de petites répliques font mouche et le temps passe vite. On pardonnera quelques scènes tire-larmes, notamment une scène finale un peu trop appuyée et là encore, ni vraiment originale, ni franchement nécessaire. Mais la famille Bélier a un petit défaut supplémentaire à mes yeux : si vous y allez, il faut être prévenu : vous allez bouffer du Sardou ! Le professeur de chant de Paula prononce au début du film cette phrase culte sortie d’on-ne-sait-où : « Michel Sardou est à la Chanson Française ce que Mozart est à la Musique Classique, c’est à dire intemporel »! Et de faire chanter à ses élèves « La java de Broadway », « En chantant », « La maladie d’amour ». Et, pour finir, il choisit de faire concourir la jeune Paula dans un concours de chant en choisissant la seule chanson de Sardou qui est une chanson « parlée » à savoir « Je vole »… Et quand Eric Lartigau décide de couper le son pendant un duo, pour montrer comment les parents de Paula peuvent se sentir exclus du monde dans certaines circonstances, on se dit qu’il a eu une sacré bonne idée : parce l’effet fonctionne très bien et parce que ça nous épargne une nouvelle fois « Je vais t’aimer»!

Mais bon, malgré la surdose de Sardou, je ne regrette pas cette charmante petite séance de cinéma dominicale. La famille Bélier n'est pas une comédie lénifiante et insipide : un bon petit moment de cinéma.

Gaël Baudet

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