Parmi les trop nombreux remakes de films cultes sortis ces dernières années (Prédators en 2010 et Total Recall en 2012), ressortissants bien plus médiocres que les originaux, il arrive de trouver des exceptions.
C’est ainsi que George Miller, réalisateur très attaché à son monde de fou qu’il avait déjà créé en 1982 pour sa saga à grand succès Mad Max, remet au goût du jour son plus grand chef d’œuvre dans Mad Max Fury Road, tout en ravissant les fans des premiers instants : on garde les grandes lignes de Mad Max 2 (le plus apprécié du public), on ressort le blouson noir, les vieilles bagnoles un poil customisées, les personnages tous plus bizarroïdes les uns que les autres et un Max campé par l’incroyable Tom Hardy plus muet que jamais!
Alors, que peut bien apporter de plus cette nouvelle version alors que les précédentes ont déjà largement marqué les esprits et dont la mythologie a déjà inspiré de nombreuses autres histoires post-apocalyptiques au cinéma et à la télévision?
La réponse peut se trouver dans l'esthétique ahurissante de cet univers désertique où l'eau, la nourriture et le pétrole manquent atrocement grâce aux teintes bleu électrique et orange vif données au paysage australien aux allures de mirage, rendant le visuel à la fois très dynamique et agressif.
"On dit que le public ne croit plus aux héros" avait dit l'un des antagonistes de Mad Max 2. Max Rockatansky illustre ainsi l'archétype du antihéros, errant sans but et préférant la solitude, sans passé ni futur bien que tourmenté, voire torturé, par la perte de ses proches. Fait prisonnier dans la Citadelle commandée par l’abominable et très rock’n roll chef Immortan Joe, il se retrouve emmené de force à la poursuite de Furiosa, jouée par Charlize Theron méconnaissable en femme blessée, au crâne rasé et à la main coupée. Une fois échappé, il n’aura d’autre choix que de les aider, elle, en quête de rédemption, et les femmes du maitre, refusant de se soumettre.
Restant fidèle à la représentation de cet étranger solitaire par l'acteur Mel Gibson quelques années plus tôt, le plus jeune Tom Hardy livre une version de Max d'autant plus charismatique bien que fraichement réapprovisionnée en testostérone et en symbiose parfaite avec le reste du casting, prenant lui aussi part à cet énorme explosion de muscles, de sang et de folie furieuse. Tous ont d’ailleurs réalisé leurs propres cascades, permettant un raccrochage avec la réalité pas tellement perceptible vu le niveau d’action de chaque scène !
On peut alors se demander si ce monde, en totale désolation et abandonné de toute rationalité (ce qui peut d’ailleurs surprendre et parfois même dérouter le spectateur quand celui-ci ne connait pas l’univers de la saga car le degré d'excentricité rend certaines scènes presque parodiques), est la vision que Max a du monde après l’écroulement de sa vie ou si ce n'est que la simple réalité où « seuls les fous survivent » ?
Je finirai en conseillant vivement ce film à tous les amoureux des films d’action, mais aussi à tous ceux qui désirent en prendre plein les yeux devant un bon film de divertissement et sans oublier bien sûr de voir ou de revoir (avant ou après) les trois films originaux qui en valent tout autant le coup.
Mathilda Colli