La Glace et le ciel est un documentaire de Luc Jacquet (La Marche de l' empereur, Le Renard et l' enfant, Il était une forêt) qui a été nominé au festival de Cannes 2015 et a été projeté dans le bassin annécien durant le festival Cinémino. Il retrace l'histoire de Claude Lorius, le glaciologue parti en 1957 en Antarctique à l'âge de 23 ans, qui a été le premier à se rendre compte de l'impact de l'Homme sur le climat.
La particularité de ce film est qu'il est composé en majeure partie d'images d' archives. Il y a donc eu un énorme travail pour retrouver les bandes et les restaurer. De plus, ces images ont été tournées par les membres des expéditions, qui n' étaient pas des professionnels, je vais donc avoir du mal à en parler.
En revanche, les scènes dirigées par Luc Jacquet sont magnifiques. Le travail sur les couleurs est génial, entre le bleu des glaces qui reste, avec le blanc, la couleur de prédominance du film, les plans où on voit la déforestation, qui opposent le noir du charbon de bois au vert des fougères, ou encore la couleur ambrée de l'alcool. Ces couleurs ont toutes été intensifiées à l'étalonnage, je pense, pour signifier la beauté de la nature, ainsi que pour donner une touche d'espoir, il est encore tant de virer de bord.
J'ai aussi beaucoup apprécié le montage, qui dans les scènes « critiques », m'a donné l'impression de regarder un film policier. C'est en effet une véritable enquête sur le passé de notre planète auquel on assiste, et le montage très rythmé de ces scènes tient vraiment le spectateur en haleine. En revanche, certains plans sont très longs, notamment ceux où l'on voit Claude Lorius, vieux, sur la glace en train de contempler l'horizon. Le contraste entre ces plans peut peut-être signifier le décalage entre l'enthousiasme de la jeunesse (où on se sent capable de soulever des montagnes, ou de survivre un an en Antarctique, dans un trou creusé dans la glace où la température moyenne avoisine les 8 °C) et la réalité. Malgré tous ces efforts, Claude Lorius voit la planète dépérir de plus en plus. Aujourd'hui, il prend du recul sur la situation, comme le montrent les plans en travelling arrière, et confie la suite à la nouvelle génération.
Juste un mot sur la musique qui est tout aussi adaptée que le montage, laissant ressentir les mêmes impressions.
Je terminerai par un mot sur le titre, que je trouve particulièrement adapté. En effet, Claude Lorius a fondé ses recherches sur les bulles d'air emprisonnées dans la glace, qui permettent de retranscrire l' atmosphère d'il y a plusieurs milliers d'années (Le ciel captif de la glace). Mais ce titre renvoie aussi à l'esthétique du film. Comme je l'ai dit précédemment, le bleu est une couleur prédominante. La plupart des plans montrent les plaines de glaces du continent méridional, ou le ciel, bleu uniforme ou blanc de neige.
Pour conclure, c'est un film que je conseille car très intéressant au niveau scientifique mais aussi pour son esthétique et le travail sur les images d'archives, qui ont dû être restaurées et accordées (les bandes venant de plusieurs équipes/pays/époques/méthodes de conservation, elles ne sont pas du tout pareilles).
Coline Percie du Sert
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