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Blog des élèves de cinéma du lycée Baudelaire de Cran-Gevrier


Swagger

Publié par Coline Percie du Sert sur 25 Mai 2016, 23:00pm

J’ai eu l’occasion, durant le festival de Cannes, d’assister à une projection du dernier film d’Olivier Babinet présenté par l’ACID : Swagger

Ce réalisateur, en résidence dans une école d’Aulnay, a réalisé ce docufiction après 2 ans de travaux avec les élèves. Swagger raconte la vie, les rêves, les cauchemars et les points de vue de 11 adolescents « des banlieues »

Le titre vient de l’anglais « swagg » (cool) et d’une citation de Shakespeare dans Le songe d’une nuit d’été, « qui sont ces fanfarons qui dansent autour du lit de la reine des fées », le lit étant la métaphore de Paris.

Le film alterne entretiens et scènes de vie quotidienne, souvent scénarisées, à la façon d’un clip tel la rentrée au collège ou d'un film d’action, comme le passage de la surveillante au ralenti, qui instaure une distance avec le personnage, contrairement à la proximité créée avec les jeunes, proximité instaurée par la longueur du film, qui laisse le temps de faire connaissance avec les adolescents. Une autre alternance est celle du jour et de la nuit, montrant les deux visages du quartier, alternant entre pique-nique en famille et deal de drogues.

Certaines images sont très poétiques, que ce soient celles de natures (avec les perruches, ...), ou les moments de complicités frères/sœurs.

Ici, la fiction est mise au service du documentaire. Les scènes quotidiennes, à défaut d’être captées sur le vif, sont rejouées à l’identique. Le criquet, les jeux de cours de récré et la mosquée rappellent le métissage des cultures présent dans ces quartiers, qui va jusqu’à former une vraie communauté. Chose appuyée à l’image par les raccords des regards. Bien que les 11 jeunes aient tous un entretien avec le réalisateur dans un endroit différent, la mise en scène et le montage donne l’impression qu’ils se parlent les uns les autres, tissant des liens entre eux.

Ces liens sont mis en valeur par le chevauchement sonore : les voix se mêlent sur les images. Il y a des plans de la ville commentés par les adolescents, des plans où ils parlent mais aussi des plans fixes silencieux sur le visage d’un jeune, pendant qu’un autre raconte une histoire. Ainsi, toutes les voix se mélangent en un récit polyphonique : la voix de leur cité, dont ils sont les ambassadeurs. La musique, le plus souvent du rap, rappelle cette voix.

En parlant de voix, celle du réalisateur n’apparaît qu’à de très rares moments, et seulement pour poser une question. Pas de voix off pour imposer un point de vue, au profit de celui des jeunes, souvent très juste, sur la politique, la religion, leurs rêves et leurs cauchemars, incarnés dans le film par une dystopie en image de synthèses, dystopie qui se rapproche de plus en plus de notre réalité.

Petit bémol, enfin si on peut appeler ça comme ça, le sous titrage anglais laissait vraiment à désirer ...

Pour résumer, un témoignage drôle et touchant qui mérite d’être vu.

Coline Percie du Sert

Swagger
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