Sorti le 10 octobre au cinéma, Girl est le tout premier film du jeune réalisateur Lukas Dont. Il est découvert au Festival de Cannes 2018 et est sélectionné dans la catégorie « un certain regard ». Ce long métrage bouleversant d’une heure quarante, expose la transformation d’un adolescent de 15 ans en fille, nommée Lara, qui rêve de devenir danseuse ballerine. Avec son père, ils sont prêts à tout pour y arriver mais son corps de jeune homme ne se plie pas facilement à ses choix.
Tout au long du film, nous sommes plongés dans l’univers de Lara grâce aux gros plans sur son visage et dans ses yeux. Il n’y a pas énormément de dialogue, mais les images en disent long. On ressent la complexité de ce personnage, la souffrance intérieure qui ne cesse de grandir en elle suite a toutes ces transformations (prise de médicaments, d’hormones).
Nous la suivons dans ses moindres déplacements, dans ses moments d’intimité, parfois nue devant sa glace. Il y a un jeu de reflet qui revient régulièrement, dans la vitre du métro, dans le miroir de la salle de danse, dans sa chambre… c’est d’ailleurs un élément fondamental du film qui interroge sur l’image que nous renvoyons aux autres et sur la façon dont nous nous voyons. Ce jeu de reflet constamment présent nous confirme que l’apparence devient une terrible obsession pour Lara.
Ce personnage devient instable mentalement comme la caméra qui nous offre très peu de plans fixes. Elle est constamment en train de suivre Lara dans ses gestes, dans la contorsion de son buste, dans les mouvements rigides de ses bras, dans les pas encore disgracieux de cette jeune danseuse. Mais elle permet aux spectateurs d’essayer de comprendre ce corps et l’ambition de cette future jeune femme à devenir ce qu'elle veut être.
A seulement 16 ans, l’acteur Victor Polster, interprète de Lara, nous impressionne dans ce rôle par sa remarquable performance physique et psychologique.
Ce long-métrage peut rappeler l’histoire du film « Tom boy » de Céline Sciamma sorti en 2011. C’est une petite fille de 10 ans, Laure, dite « garçon manqué » qui déménage dans un nouveau quartier et fait croire aux voisins de son âge que c’est un garçon.
Pour revenir à la réalisation de Lukas Dont, c’est un premier sujet audacieux et bien maitrisé. Il y a une véritable recherche autant au niveau de la réalisation que du scénario et une forte dose d’émotions transmise aux spectateurs.
GAULTIER Clémentine
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