I feel good

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 16 Novembre 2018, 19:16pm

Catégories : #Comédie

I feel good, une comédie qui n’en est finalement pas une. Le long-métrage d’une heure et quarante-trois minutes est réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern. Duo iconique, les deux hommes sont notamment connus pour leur travail sur l’émission Groland, diffusée sur Canal+.

Après plusieurs années sans nouvelle, Monique, la gérante d’une communauté Emmaüs, voit arriver son frère, Jacques. Son frère n’a d’ailleurs qu’une obsession : devenir riche grâce à ses idées (loufoques). Ces deux visions opposées vont-elles mettre à mal le lien familial qui les unissait ?

I feel good est une comédie engagée, on ne peut le nier. Elle dévoile au spectateur la vision totalement opposée de deux membres d’une même famille. Monique (Yolande Moreau) est une femme qui aime aider. Pleine de bonté, elle est proche de la sensibilité politique de ses parents, des communistes. A l’inverse, son frère Jacques (Jean Dujardin) est un capitaliste confirmé : prêt à tout pour faire du profit et devenir riche, il veut créer sa boîte avec une idée révolutionnaire. Mais cette idée, Jacques ne l’a pas encore, et cela le ralentit dans son ascension vers la réussite. Et c’est là où Benoît Delépine et Gustave Kervern se dévoilent. En effet, la majeure partie de I feel good oppose le « self made man » et sa « start-up » face à la « mère protectrice » d’un petit Emmaüs. Mais plutôt que de simplement confronter les deux protagonistes, le duo parvient à trouver une alternative – certes, un peu tardivement – à cette vision manichéenne présente pendant les ¾ du film.

En voulant dépeindre un groupe soudé et aimant, Kervern et Delépine ratent le coche et présentent les ouvriers d’Emmaüs comme des personnes d’une naïveté déconcertante. De plus, les ouvriers d’Emmaüs sont souvent relayés au second plan.

Jean Dujardin nous avait habitué à des films français à gros budget, et sa présence dans I feel good rassure : l’acteur de The Artist s’engage dans cette aventure risquée, et il ne déçoit pas. Remarquable, il incarne avec talent l’entrepreneur loufoque qu’est Jacques, même si son personnage manque de subtilité. Quant à Yolande Moreau, sa prestation reste mitigée. Son rôle d’ange-gardien auprès des travailleurs d’Emmaüs est certes remarquable, l’alchimie qui se dégage entre elle et Dujardin n’en reste pas moins inexistante. Les deux pontent du cinéma français brillent lorsqu’elles sont seules mais s’éteignent dès qu’elles jouent ensemble, et c’est vraiment dommage.

Le vrai problème de I feel good réside dans son humour. En effet, le long-métrage ne fait pas rire. Hormis une fin abracadabrantesque digne du duo de réalisateurs, la seconde partie du film reste assez terne et perd de son rythme. Les deux réalisateurs s’amusent également avec nos attentes et dévoilent des scènes absurdes et étonnantes. Sans pour autant faire rire, ils maîtrisent plutôt bien cette absurdité. Cette dernière se retrouve tout au long du film mais finit par devenir répétitive, presque caricaturale.

Enfin, la réalisation est réussie, mais les plans le sont moins. Certains ne sont pas esthétiquement beaux et n’ont même pas vocation à faire passer un message. On en arrive donc à se demander s’ils ont vraiment leur place au sein du film.

Gustave Kervern et Benoït Delépine réalisent ici un film décalé. Présenté comme une comédie, I feel good ne fait pas rire et ennuie presque, malgré la présence de Jean Dujardin et Yolande Moreau. Le long-métrage propose une vision manichéenne de notre société, même s’il sauve les meubles en trouvant finalement un autre chemin.

Critique réalisée par Armand Paris.

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