Les enfants de la mer

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 22 Octobre 2019, 10:51am

Catégories : #Animation, #Fantastique

Lekter Ariette,

7 rue Glasfeu des Pommes, Corrèze

Le 22/10/2019

Madame Lekter,

la mission que vous m'avez confiée a été exécutée ave succès. Vous ne devinerez jamais les trésors d'imagination que j'ai dû déployer pour arriver à assister à cette projection, bien que les instigateurs aient soigneusement fait attention à le non-diffusion de l'information. Je ne mentirai pas plus longtemps : la concurrence est on ne peut plus sérieuse.

L'histoire est plutôt originale, telle que vous me l'aviez rapportée : le film nous fait suivre Ruka, une jeune fille solitaire qui pendant les grandes vacances d'été préfère passer son temps à l'aquarium de son père plutôt que de jouer avec les camarades de son âge. Elle y fait la connaissance de deux garçons, Umi et Sora, qui ont la particularité d'avoir été élevés dans l'océan par des créatures marines et qui l'initieront à leur tour aux mystères sous-marins. Le scénario, tiré d'un manga, est plutôt atypique bien que franchement très complexe à suivre et un poil tiré par les cheveux. Non, le danger pour nous ne vient pas de là. A contrario, niveau graphisme et technique d'animation, le pire est à venir… Le chara design est un peu particulier, notamment à cause des grands yeux des protagonistes ce qui permet de véhiculer des émotions intenses. Au niveau décor, tout a été étudié sur un ton que l'on sent professionnel et soucieux du détail, au point que le réalisme des lieux est impressionnant. L'animation est fluide, les couleurs vivent et vibrent pour le plaisir des yeux sans jamais connaître un instant de relâchement. Le mélange de 2D et de 3D marche plutôt bien, même si la course de Ruka au début du long-métrage reste un peu maladroite à mon sens le reste du film est plutôt réussi au niveau de la profondeur.

Madame, je sens votre inquiétude pour notre cause et je m'empresse vite de la rassurer : le film a tout de même de grandes failles. Comme dit précédemment, le scénario est trop flou pour espérer en comprendre l'intégralité et le réalisateur semble vouloir laisser le soin aux spectateur de tirer sa propre interprétation, peut-être un peu trop. Il y a peu d'identification avec les personnages : radicalement différents de nous, Ayumu Watanabe n'explore pas leurs histoires respectives et ne fait que les survoler, ne nous laissant que peu de point d'accroches. La fin laisse éclater la créativité de l'artiste dans un big bang métaphysique qui mêle expériences visuels expérimentales et arc en ciel sonore ; une fin un peu gâchée par la dramaturgie dans laquelle tombe le scénario. Cette fin a bien sûr des double sens que je ne peux que subodorer et vous soumettre : en plus d'un message écologique assez visible (la beauté des paysages marins ne fait que pointer du doigt ceux que nous n'avons plus), le cheminement de Ruka fait penser à celui d'une enfant évoluant afin de devenir adulte. Nous retrouvons également dans la bande sonore le célèbre compositeur Joe Hisaishi. J'imagine qu'il est inutile de vous rappeler qu'il est l'auteur des musiques de la majorité des grands films du studio Ghibli : bien que dans Les enfants de la mer il s'éloigne de son domaine musical de prédilection cela reste exceptionnellement bon.

Pour conclure mon rapport, ce film me laisse plutôt mitigé : il va sans dire qu'il m'a beaucoup plu mais cela parce que loin de chercher à comprendre le scénario, j'ai simplement laissé l'expérience auditive et visuelle m'envahir. J'imagine que le grand public ne recherche pas forcément cela, et par conséquent que nous pouvons en jouer pour amasser un plus grand nombre d'entrées de notre coté. La menace n'est pourtant pas à négliger, et je vous ferai parvenir dès que possible une copie volée du long-métrage afin que vous puissiez en juger de vos propres sens.

J'espère que notre collaboration restera fidèle malgré les enjeux du marché cinématographique, et je prie pour que votre projet actuel porte ses fruits.

Je vous prie d'agréer à mes sincères salutation,

Marie-Lou Lejeune

Dialogue avec le (réel)lement Fou

JOKER un sourire chaotique

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