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Blog des élèves de cinéma du lycée Baudelaire de Cran-Gevrier


Jojo Rabbit

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 28 Février 2020, 19:33pm

Jojo Rabbit

Jojo Rabbit, long métrage réalisé par Taika Waititi, sortit en 2019, est une adaptation du roman Le ciel en cage de Christine Leunens. Cette comédie-dramatique a obtenu le prix du public au festival du film de Toronto. Ce film raconte l'histoire de Jojo, jeune allemand de 10 ans qui, pendant la deuxième guerre mondiale appuie les idéaux nazis imposés par Hitler. Celui-ci incarne d'ailleurs le nationalisme aveugle du petit garçon, c'est à lui que Jojo s'adresse quand il parle à sa conscience. Etant donc le meilleur ami imaginaire de Jojo, Hitler (incarné par le réalisateur) est une figure romancée de la naïveté du petit garçon mais aussi de son dévouement pour l'Allemagne pendant la guerre. Il participe aux jeunesses hitlériennes où, pour prouver son courage à ses camardes qui le traitent de « lapin peureux », il lance une grenade qui lui explose au visage. Cet accident l'obligent à rester chez lui pour guérir sa jambe paralysée et une partie de son visage blessé. Jojo va se mobiliser différemment pour aider le parti nazi, auquel il accorde toute sa foi, à prospéré. Son monde s'écroule le jour où il découvre que sa mère (Rosie, incarnée par Scarlett Johansson) cache dans les murs de la chambre de sa sœur décédée, une jeune juive nommée Elsa (Thomasin McKenzie) . Le film traite de l'obsession de cet enfant qui cherche à comprendre et à concrétiser les propos d'Hitler au sujet des juifs mais qui, finalement, va permettre à Jojo d'ouvrir les yeux sur l'absurdité de antisémitisme. C'est grâce aux histoires fantastiques que lui raconte Elsa que Jojo découvre ses propres qualités humaines telles que l'empathie ou l'amour, qu'Hitler réprimait en cherchant à industrialiser l'homme avec le stéréotype des aryens ou le culte de la personnalité avec la propagande et les jeunesses hitlériennes. La mère de Jojo est aussi une grande figure qui s'oppose aux idées qu’approuve Jojo. Ainsi les deux femmes vont confronter parallèlement le jeune garçon à la réalité des choses et le détourner de son idéal nazi.

Le film débute quand le nazisme est à son apogée ; il s'ouvre sur Jojo en pleine discussion avec Adolphe (il l'appelle ainsi, ce qui démontre déjà la proximité des deux personnages bien que l'un des deux soit issu de l'imaginaire de l'autre). Jojo promet de le servir, On nous plonge d'emblée dans une adulation profonde du petit garçon pour le dictateur. Cette scène est une échelle miniature de la réalité. Jojo incarne le peuple allemand, qui, accablé par la dette ne s'est pas remit des dommages de la première guerre mondiale. Adolphe Hitler remplacera figure paternelle absente de la vie de Jojo comme il incarne le guide et le sauveur pour le peuple allemand ) . Le déclin de l'idéologie nazi de Jojo commence quand il rencontre Elsa, il ne sait alors pas s'il doit accomplir le devoir qui lui est dicté et ainsi dénoncer sa mère ou se taire et trahir le parti.

Le réalisateur a voulu mettre en avant le point de vue enfantin de Jojo, on suit les événements au travers son regard, ainsi que ses pensées et ses réflexions. L'humour se traduit dans les situations improbables et dans les grossissements des traits de caractères de chacun des personnages.

En effet c'est grâce à son caractère satirique, qui prône le nazisme avec tellement d'humour que le spectateur ne peut prendre au sérieux la gravité du problème, que le film nous offre une autre vision de la deuxième guerre mondiale et de antisémitisme que celle qu'on nous propose « habituellement ». Le film ne mentionne quasiment jamais les camps de concentration. A l'inverse il nous donne un point de vue interne des souffrance endurées par le peuple Allemand comme le retours des soldats, la résistance interne, l'effort de guerre ou les enfants sur le champs de bataille... Tout est traité avec légerté et poésie : l'uniforme en papier carton des enfants qui se jette à la mort pour combattre les soviétiques qui assiègent la ville, le costume de napoléon du capitaine, Adolphe qui se jette par la fenêtre pour sortir... Les traits des personnages sont caricaturaux et burlesques, obligeant le spectateur à prendre la situation bien plus légèrement que la réalité ne l'impose. La satire constitue là une arme pacifique pour combattre la terreur, le nazisme et la guerre, Elle apparaît alors comme le trait d'humanité qui défie la haine car malgré l'être abominable que fût Hitler, l'ami imaginaire de Jojo est attachant et attire la sympathie.

Le montage est un des éléments clé qui permet l'humour,en effet, l’enchaînement rapide des scènes tient le spectateur en haleine et la musique participe au rythme effréné. Le décalage entre le contexte de l'histoire et la manière de la mettre en scène rappelle parfois les comédies américaines des années 80. La colorimétrie renforce aussi cette idée, les couleurs sont chaudes et le cadre est printanier. Les plans et le cadrage ne sont pas conventionnels et le décors pousse un peu plus loin le caractère imaginaire du monde de Jojo dans lequel nous rentrons avec plaisir pour revisiter la réalité de la seconde guerre mondiale.

Salomée Prin

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