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Blog des élèves de cinéma du lycée Baudelaire de Cran-Gevrier


Fargo

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 20 Février 2021, 22:08pm

Catégories : #Drame, #Policier

Fargo

Les frères Coen, voilà des noms qui nous parle. Joël et Ethan, sont connus pour leurs talents de réalisateurs, de producteurs et de monteurs. Leurs savoir-faire et leurs technicités les distinguent de leurs confrères et vont faire de leurs films des incontournables du cinéma hollywoodien. Ils sont connus pour leurs productions et réalisations de films indépendants puis leurs manies à casser les codes hollywoodiens. Célèbre pour leurs nombreuses productions emblématiques, ils surfent entre séries noires et comédies, voire un mélange de ces deux genres, comme dans The Big Lebowski (1998). Ils sont les réalisateurs de références cinématographiques comme Arizona Junior (1986), Fargo (1996), The Big Lebowski (1998) ou encore No Country for Old Men (2007).

Fargo est le sixième long-métrage réalisé par les frères Coen. C’est un film simple et accrochant. Écrit à partir d’une histoire vraie, les auteurs de la tragédie ont voulus nous faire part de leur drame cauchemardesque qui s’est déroulé en plein cœur du Minnesota tout en gardant une part d’anonymat. Il est accompagné d’un excellent choix de casting, avec notamment Frances McDormand présente dans de nombreux films des frères Coen, Steve Buscemi, Peter Stormare ou encore William H. Macy. C’est un drame policier d’1 h 37 sorti dans les salles de cinéma américain en 1996. Il révèle avec finesse la folie humaine de façon simple, réaliste et concrète, qui en émane. Cette œuvre cinématographique présente d’une manière nette, les atrocités humaines et les pulsions d’êtres incontrôlables dominés par les sentiments de reconnaissance, de cupidité et d’arrivisme qui les conduisent à des imbroglios de bêtise.  Les disputes, la cruauté et l’absence de scrupules les conduisent à l’échec.

Il s’agit d’un fait divers dont les frères Coen s’emparent pour tisser une intrigue policière, tendant dans la sordidité et la crudité de la violence. Elle est accompagnée d’une mise en scène grotesque où la bêtise et l’amateurisme, conduisent à l’inexorable échec. L’histoire racontée, est celle de Jerry Lundergaard (William H. Macy), vendeur de voitures d’occasions, est criblé de dettes. Il contacte deux petits truands, Carl Walter (Peter Stormare) et Grismund (Steve Buscemi), et les charge d’enlever sa femme, dans le but de demander une rançon à son fortuné beau-père en échange de la libération de sa fille. Le coup semble simple à réaliser. C’est sans compter les contre-temps et le caractère incontrôlable d’un des deux hommes de main, et la volonté du riche beau-père de prendre les choses en mains. Mais, en parallèle, une enquête policière est menée pour comprendre les faits commis par les auteurs. C’est une femme policière, enceinte de sept mois, qui est en charge de résoudre l’enquête, prénommé Marge Gunderson (Frances McDormand). 

Pour ce faire, les réalisateurs ont pris la décision de présenter ce fait de société dans un décor blanc hivernal. Cette prise de position de mise en scène n’est pas anodine, elle permet de mettre en relief les comportements des personnages : leur psychologie, leurs traits de caractère, ainsi que les éléments environnants. De plus, le choix des couleurs dans la mise en scène donne une forte importance à l’histoire racontée, avec une présence de blanc, de rouge et de noir dans le décor. Ses trois couleurs ont un rôle symbolique. Le blanc permet d’agrandir l’espace, donc d’imposer le décor et laisser place à la froideur.  Par cette blancheur immaculée, le symbole de la pureté, de la sagesse, de l’innocence voire de la paix semble s’afficher. Tandis que le rouge représente l’amour, la chaleur, la sensualité, la passion mais aussi le sang, le danger et la révolte. Quand au noir, il représente le mystère, le deuil donc la mort et la tristesse. Cette couleur sombre dégage également l’absence et le manque. Elle ne permet pas de distinguer les choses, elle cache, par conséquent, elle plonge dans cette tourmente. Ces trois couleurs sont signe de contradictions, d’incohérence entre les personnages au sein de l’histoire. Le blanc omniprésent dans l’œuvre n’est pas une couleur sans danger car elle laisse des traces et des indices à notre enquêtrice permettant d’éveiller les soupçons comme le sang. Cette couleur permet d’accentuer les mimiques des personnages poussant le spectateur à sourire, créant un décalage entre la réalité de la situation et l’expression sur leurs visages. Pour illustrer cet argument, nous pouvons citer la scène de l’interrogatoire des deux amantes dans le bistrot.

Nous pouvons constater un autre petit décalage scénique : la présence d’une femme policière. En effet, ce n’est pas une chose banale de voir une femme exercer ce type de profession dans la société américaine, où le patriarcat et le communautarisme sont politiques courantes. De plus, elle exerce son métier enceinte, prenant des risques, alors que son mari reste tranquillement « au chaud » à la maison à dessiner des oiseaux. Les réalisateurs créent une inversion des rôles entre l’homme et la femme, Marge Gunderson joue le rôle masculin est tant vers le courage et la force, son mari interprète la place de la femme au foyer, fragile et docile. Ce choix crée une complexité dans leur couple rendant leur amour doux et sage, c’est à la fois amusant car tous les soirs, ils se rejoignent à la maison faisant le constat de la solidité de leur couple, avec joie et bonne humeur.

Ce film est à regarder par sa réalisation remarquable. Tout en étant très simple, il nous amène dans un univers compliqué de la nature humaine. Il permet de mettre en scène, un fait divers empli d’une cruauté sans merci, tout en laissant place à la sagesse et à l’amour. Il permet par son choix de décor de mettre en avant les traits des caractères et ainsi de créer des comiques de situation. Il met en scène une approche de la bêtise humaine tournée en dérision, cela crée des quiproquos. Ainsi, ce film aussi sordide soit-il laisse place à l’humanité et offre une part de détente au sein d’un drame incontrôlé et incontrôlable.

Faustine Bacquet

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