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Blog des élèves de cinéma du lycée Baudelaire de Cran-Gevrier


Imitation Game

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 7 Février 2021, 15:31pm

Imitation Game

De cette histoire vraie, peu connue, le réalisateur norvégien Morten Tyldum tire un film passionnant, aussi fort que bouleversant.

Imitation Game est un film biographique Américain réalisé par Morten Tyldum en 2014. Il met en scène Benedict Cumberbatch dans le rôle d’Alan Turing, Keira Knightley dans le rôle de Joan Clarke et Matthew Goode dans le rôle de Hugh Alexander. Le film remporte plusieurs prix, notamment au Festival du film de Hollywood en 2014 pour le meilleur réalisateur, le meilleur acteur pour Benedict Cumberbatch, la meilleure actrice dans un second rôle pour Keira Knightley et la meilleure musique pour Alexandre Desplat ; mais aussi aux Oscars en 2015 pour le meilleur scénario adapté pour Graham Moore.

Mathématicien de génie, Alan Turing est chargé par les autorités britanniques, dès 1939, de briser Enigma, le code secret utilisé par les Allemands. Une mission de haute importance car cette découverte pourrait mettre fin à la guerre. Il travaille sans relâche au sein des équipes réunies à Bletchley Park. Les relations d'Alan Turing avec ses collègues, Hugh Alexander, Denniston et Nock, sont compliquées car le scientifique se montre asocial.

Ce film, pourtant de production américaine, a un casting exclusivement anglais. En effet, tous les rôles, du rôle principal au plus petit des rôles secondaires, sont interprétés par des acteurs anglais. Ce choix peut se justifier par le fait que l’histoire ait eu lieu en Angleterre et que le code ait été déchiffré par des Anglais. Il peut alors s’agir d’un choix de réalisme. Mais on peut aussi supposer que le réalisateur a voulu que les Anglais puissent raconter leur propre histoire.

Le titre Imitation Game est un clin d’œil à l’introduction d’un article écrit par Alan Turing en 1950 qui parle de l’intelligence artificielle, connu de nos jours comme le Test d’Alan Turing. Cet article n’est que brièvement évoqué dans le film, un point qui aurait pu être creusé davantage. Le sujet aurait pu être développé à un autre moment, par exemple dans un dialogue entre lui et Joan dans leur dernière discussion. Cela permettrait d’insister sur les débuts de l’intelligence artificielle.

Bien que les faits historiques ne soient pas tous absolument réels, le contexte culturel, lui, est bien dépeint. En effet, on retrouve l’époque sombre de l’Angleterre ; les hommes font preuve de grande misogynie envers les femmes, par exemple lorsque Joan Clarke est confondue avec une secrétaire alors qu’elle est en fait une scientifique ; l’homosexualité est considérée comme un crime pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement ; il n’y a pas de mixage de population, c’est une unanimité d’hommes blancs qui apparaissent à l’écran.

Le personnage de Turing est montré comme asocial. Effectivement, au début du film, Alan Turing ne s’entend pas avec ses collègues. Cette mésentente est mise en scène par une distance conséquente entre eux, quelques mètres de distance ou des objets comme une porte ou un mur. Turing est aussi très détaché par rapport à la guerre, il prend le décryptage de la machine comme un jeu et passe devant les débris des attaques allemandes à vélo, sans même y jeter un regard. Ces éléments peuvent nous laisser imaginer l’autisme du personnage, qui pourtant n’est jamais explicitement évoqué.

Cette autobiographie se déroule en trois parties temporelles qui s’entrecoupent : la première raconte la jeunesse de Turing en présence de son ami d’enfance Christopher, la deuxième partie parle de la période du décryptage de la machine Enigma pendant le Seconde Guerre mondiale, et la troisième partie raconte l’enquête qu’à subi Alan Turing suite aux accusations portées pour son homosexualité. On retrouve un certain parallèle entre les personnages de la première partie et ceux de la deuxième partie. En effet, les collègues de Turing dans la deuxième partie peuvent être perçus comme le miroir des élèves harceleurs de la première partie, et Joan Clarke, son alliée dans la deuxième partie peut être l’écho de son seul ami dans la première partie.

Dans ce film, la symbolique du temps est beaucoup représentée. On retrouve par exemple le son d’un tic-tac persistent lorsque Turing fait des tests avec sa machine, scènes pendant lesquelles on voit des images de guerre dans un montage alterné qui accentue l’urgence de la situation. Ce tic-tac revient aussi dans la troisième période, quelques minutes avant l’annonce de sa mort, et montre le temps qu’il lui reste avant de mourir. Les rotors de la machine qui tournent, donnent aussi l’image d’une horloge qui fonctionne à toute allure.

On comprend au fur et à mesure du film que toute la vie d’Alan Turing tourne autour de son ami d’enfance, Christopher. En effet, c’est lui qui lui a donné la passion des mots croisés et qui lui a offert son premier livre de cryptographie dans sa jeunesse. Bien après sa mort, Turing n’accepte toujours pas sa disparition et surnomme la machine qu’il construit pour décrypter Enigma, Christopher. Dans la troisième partie du film, après son accusation pour homosexualité, Turing doit choisir entre la prison et la castration chimique. Il choisit cette dernière proposition sous prétexte qu’il ne veut pas quitter Christopher, la machine qui sera connue comme l’ancêtre de l’ordinateur, pour continuer de travailler avec lui.

Benedict Cumberbatch était l’acteur le plus approprié pour ce rôle. Un petit peu Sherlock sur les bords, B. Cumberbatch est convaincant et brillant dans son interprétation de chaque scène.

En bref, un film puissant à voir et à revoir sur les plateformes de streaming.

Axelle Abate

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