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Blog des élèves de cinéma du lycée Baudelaire de Cran-Gevrier


Les Proies

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 16 Mars 2021, 21:40pm

« Les Proies », un film réalisé en 2017 par Sofia Coppola, nous conte le séjour d’un soldat déserteur Nordiste dans un pensionnat pour filles dans le contexte de la guerre de sécession, au sud des Etats-Unis. Un contact étranger masculin qui va troubler la vie jusque-là ordonnée des sept pensionnaires.

 

Un soldat nommé John (Colin Farrell) est trouvé blessé et recueilli le temps de sa guérison dans un pensionnat religieux pour jeunes filles, où vivent une directrice (Nicole Kidman), une enseignante (Kirsten Dunst) et cinq jeunes filles encadrées dans le calme et l’ordre; la présence de l’homme va bouleverser la vie au pensionnat. En effet, les résidentes du lieu vont toutes éprouver de l’intérêt voire de l’attirance pour le blessé. Une présence inhabituelle dans cet établissement qui paraît parfois hors du temps et coupé du monde, une luxueuse et imposante résidence au milieu de campagnes et forêts, pourtant à proximité de la guerre et des combats qui font rage. Une compétition séductrice se met en place et des jalousies vont naître autour d’un caporal qui va passer de proie à chasseur. En effet cet homme est un séducteur, il séduit et promet un mariage à l’enseignante Edwina, et entretient en parallèle des contacts ambigus avec la directrice Miss Martha et l’élève Alicia. Il semble se plaire dans ce nouvel environnement, et souhaite rester dans ce lieu où il est apprécié, loin de la guerre qu’il a fuit alors que le règlement du pensionnat proscrit la présence d’homme. Un soir, alors qu’Edwina attend John dans sa chambre, elle se rend compte de la tromperie de celui-ci et le pousse dans l’escalier. La blessure du soldat est aggravée, il doit être amputé de sa jambe par Miss Martha. A son réveil il est pris de désarroi face à sa jambe estropiée et devient alors extrêmement agressif, John apparaît désormais comme un prédateur dangereux, un loup dans la bergerie. L’homme se revendique maître des lieux, arme au poing, par la terreur. Réunies, les filles et la directrice voient désormais le soldat comme un danger, et décide de l’empoisonner pour s’en débarasser. Amy, qui a découvert l’homme dans les bois est chargé de cueillir des champignons venimeux, qui seront servis au souper à John, il meurt après avoir ingurgité le poison.

 

 

Le titre prend part entière dans l’intrigue, John semble être la proie au départ, puis se révèle manipulateur et prédateur, la réalisatrice joue sur cette chasse permanente tout au long du film.

Ce film nous plonge dans un univers qui rappelle le conte : il s’ouvre sur une jeune fille cueillant des champignons dans la forêt où elle rencontre le caporal, un caporal qui ressemble de plus en plus au loup, notamment lorsqu’il hurle de rage ou encore lorsqu’il se jette sur l’enseignante Edwina, il apparaît comme un animal prédateur. On peut voir les jeunes filles et la directrice comme les chevreaux, les créatures en danger, l’empoisonnement de l’être dangereux pour se sauver peut nous rappeler des épilogues du genre, un parallèle intéressant qui peut parler au spectateur.

Dans ce cadre, Sofia Coppola installe un climat de tensions permanent entre les femmes, l’homme et la guerre qui sévit à proximité, la scène de l’empoisonnement du caporal nous tient en haleine, on observe longuement l’expression des visages autour de la table. La réalisatrice imprime une esthétique raffinée au film par un travail sur la lumière et les couleurs (notamment le blanc des tenues des résidentes), les décors et les costumes nous plongent dans l’époque. Les plans dans cet environnement sont admirables, en particulier dans deux scènes marquantes qui se font écho, elles présentent le manoir depuis l’extérieur du domaine avec le portail au premier plan, la première scène étant l’introduction du blessé dans le pensionnat (qui peut nous faire penser à l’entrée du cheval de Troie), la seconde étant la scène finale, on y voit le cadavre dans un drap blanc devant le portail, les femmes sont à l’arrière-plan devant la résidence. Ces plans ont quelque chose de théâtral, et sont les scènes les plus emblématiques du long-métrage.

Nicole Kidman interprète de belle manière son rôle de directrice à grande force de caractère, son expression du visage est très communicative et rend le personnage admirable, entre assurance, fermeté et troubles qui laisse transparaître des désirs insoupçonnés par moments. A part Amy, la psychologie des élèves n’est pas assez développée dans l’ensemble, parfois même trop caricaturée dans leur attitude ou façon de penser, comme Alicia.

L’intrigue se met lentement en place, le cadre de l’histoire est bien amené mais ne surprend pas le spectateur, on voit venir les évènements et le tournant lors de la colère de John est trop seul dans une intrigue qui paraît peu à peu tourner en rond.

 

En conclusion, c’est un beau film à l’image qui met en scène un scénario cohérent mais auquel il manque des éléments propres à complexifier, renouveler l’intrigue.

Marco Cadet

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