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Blog des élèves de cinéma du lycée Baudelaire de Cran-Gevrier


Pink Floyd, The wall

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 20 Novembre 2022, 21:01pm

Catégories : #rock movie, #Film biographique, #conte

Pink Floyd, The wall
Pink Floyd, The wall

"Another brick in the wall" : critique du film Pink Floyd The wall

 

          Peu d’adaptations d’albums ont vu le jour, et encore moins connurent du succès. Mais Pink Floyd the wall est une figure presque divinisée du « rock-movie », un genre à lui seul et d’un originalité folle, mettant en images déconstruites et raffinées les thèmes de l’album éponyme sortie trois ans plus tôt et l’état du groupe à cet époque. Pink Floyd en 1982, c’est quoi ? Le groupe se forme au début des années 80 d’une amitié entre Syd Barrett, David Gilmour et Roger Waters, trois jeunes adultes originaires d'une même petite ville anglaise, auxquels se rajoutera Richard Wright. Rapidement, le leader Syd Barrett sombre dans les substances hallucinogènes et quitte la réalité, se faisant exclure du groupe après deux albums. The wall se construit dans cette période de groupe effrité, où chaque membres commencent à débuter des carrières solos.

          Ainsi son adaptation dirigée par les membres du groupes et surtout Roger Waters, l’album étant très autobiographique, retrace cette descente en enfer du personnage principale, du groupe et de la société britannique, par la réalisation de Alan Parker, également réalisateur de Midnight express et de missisippi burning.

            Le film s’ouvre sur le point central dans la temporalité de l’histoire : Pink, le personnage principal est assis dans une chambre d’hôtel, la télévision est allumée en permanence, et ses yeux la regardent presque sans la voir. Le spectateur plonge dans son œil et assiste à un flash back qui fera toute la première partie du film : relatant des évènements qui construisirent le mur isolant progressivement Pink du réel. Ces évènements sont très proches de la vie de Waters, montrant la mort de son père à la guerre, sa mère ultra protectrice qui l’éduque, son passage à l’école sous l’œil menaçant d’un professeur vu comme un truand, son accès à la célébrité, son mariage et la tromperie de sa femme. Autant de moments pourtant presque sans paroles, comme tout le reste du film, rythmés par la musique du groupe, de l’album adapté et d’autres antérieurs, autant de moments qui sont comme les briques petit à petit posées sur le mur de Pink, le séparant du monde extérieur. A la fin de ces flashbacks on retrouve la scène de la chambre d’hôtel, Pink qui sombre dans la folie et l’agonie, réveillé par son producteur qui le drogue pour assurer le show. Si la première partie était inspirée de la vie de Waters, c’est le destin tragique de Syd Barett qui est ici clairement affiché, notamment par la musique chanté par lui au moment de l’enregistrement au début du groupe mythique, et par la scène où Pink se rase les sourcils, chose que fit Syd dans son ascension vers la folie et qui marqua profondément les membres du groupe. Enfin brisé par le mélange des souvenirs, et par un style de vie qui a réussi à ériger un mur impénétrable entre lui et toute sorte de réalité tangible, il s'imagine en grand dictateur du rock 'n roll, se pavanant devant un public skinhead macabre. La rock star le devient par des images rappelant de façon tout à fait affirmé le régime nazi : critique tant du rapport entre l’artiste et ses fans que du régime britannique de cette époque régit par Margaret Thatcher. Les images cauchemardesques se démultiplient, le film ayant cette particularité exceptionnelle à cette époque que de mélanger prises de vue réelles et animation. Les dessins de Gerald Scarfe permettent d’illustrer les pensées du personnage, d’apporter la richesse symbolique de l’animation : le film étant presque muet, ce sont les dessins qui parlent et qui amènent le sujet du film ; mais ce sont aussi ces dessins qui apportent le dénouement final, la destruction du mur après l’explosion de Pink, son désir d’arrêter : il reprend contact avec la réalité et cesse, du moins nous le supposons, son délire dictatoriale, liée au succès et aux épreuves qui le mettent à l’écart de la vie, séparé par un mur. Évidemment, c’est aussi le mur de Berlin qui inspire cette image de séparation dans l’imaginaire du groupe.

        Qui d’autre aurait pu faire Pink Floyd The Wall ? Ce n'est tout simplement pas le genre de projet auquel les Spielberg, Scorses et Coppola s'intéresseraient. C'est une très bonne raison pour des gens comme Alan Parker et ses collaborateurs d’exister : comme des néo-surréalistes, ils combinèrent les possibilités d’un album de traiter de tels sujet, sombres et relatifs à la dépression collective du groupe, par l’inconscient, par l’imaginaire fin, irréfléchi. Surtout, la synthèse visuelle de Parker avec la musique, bien aidée par les visions déchirantes de Scarfe de malheur et de destruction qui transforment la lumière en obscurité d'un simple coup de stylo plutôt que d'un interrupteur, est presque parfaite. Il a du rythme, c'est une pagaille très soigneusement construite, comme elle était censée l'être - un pointeur chaotique vers des temps chaotiques, excité au-delà du point de non-retour, de sorte que vous acceptiez finalement presque toutes les énormités possibles.

Un long métrage noir, une descente en enfer sans répits, et le récit initiatique d’un névrotique dépressif qui se balance entre visions et réalité : ce film est une œuvre spectaculaire qui dépasse le septième art, qui dévoile au monde de façon visuelle l’esprit qui anime le groupe anglais, avec, tout de même, une fin positive à la suite de tout ce chaos désorganisé : des enfants vidant une bouteille de cocktail molotov, la fin de la guerre, la fin de la destruction, le calme ; quintessence de la musique Pink floyd.

 

Paul Bastard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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