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Blog des élèves de cinéma du lycée Baudelaire de Cran-Gevrier


Le Château Ambulant

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 6 Mars 2023, 20:01pm

Le Studio Ghibli est l’un des studios d’animation japonaise le plus reconnu dans le monde. Fondé par Hayao Miyasaki et Isao Takahata en 1985, il produit des nombreux métrages parmi lesquels les longs métrages sont le tournant de leur réussite mais aussi le fruit de plusieurs récompenses. Le studio existait déjà depuis 1983 avec son premier succès Nausicaä. Il lui permettra ainsi de voir le jour en 1985.

Miyasaki, mangaka, animateur, réalisateur et producteur japonais, réalise de nombreux films avec Ghibli, commençant officiellement par Le château dans le ciel en 1986, suivi par Kiki la petite sorcière, en 1988. Son dernier film Le vent se lève est sorti en 2013 mais le réalisateur surprend ses fidèles en annonçant, après sa retraite, la sortie de Kimi-tachi wa dō ikiru ka, en juillet 2023.

Parmi tous ses longs métrages, Le château ambulant, sorti en 2004, est inspiré du roman Le Château de hurle de Diana Wynne Jones, publié en 1986. Dans un village où la guerre fait rage avec celui voisin, Sophie, 18 ans, travaillant dans une boutique de chapeau, est victime d’un sortilège qui la change en une femme de 90 ans. La sorcière des Landes, à l’origine de cette malédiction, veut lui faire payer le fait qu’elle se soit approchée du magicien Hauru. Pour tenter de briser ce mauvais sort, Sophie se rend dans les landes et trouve, grâce à un épouvantail qu’elle nomme Navet, la maison ambulante du magicien. Elle fait la rencontre de Calcifer, un démon de feu attaché à cette maison par un pacte avec le propriétaire. Il lui assure pouvoir l’aider si à son tour, elle découvre ce fameux lien qui relie le feu à Hauru. Sophie se retrouve alors à faire le ménage dans le château de celui qui en est la cause indirectement.

Au premier abord, c’est une histoire digne d’un conte pour enfant. Pour autant, ce film est très recherché sur de nombreux sujets et au niveau technique. Comme pour ses autres films, Miyasaki fonde celui-ci sur la technologie, l’art ou encore la guerre.

Ce thème est très récurrent chez le réalisateur qui délivre des messages pacifistes dans un monde régi par la violence. En effet, l’invasion américaine en Irak en 2003 est à l’origine de ce film, étant donné son opposition totale à cette guerre. Contrairement à ce qu’on pourrait s‘attendre, ce sujet n’est pas abordé pour révolter les américains mais l’est dans un but pacifiste.

Néanmoins, la guerre est omniprésente, que ce soit par la présence des soldats ou par le personnage de Madame Suliman. Elle persiste à continuer la guerre malgré les arguments de Sophie, à en croire qu’elle désire voir le monde s’effondrer. De plus, le personnage d’Hauru montre l’absence d’humanité dans cet événement. Lorsque le sorcier part au combat, il se transforme en un monstrueux oiseau. Plus sa transformation est fréquente, plus il risque de ne jamais reprendre forme humaine. Ainsi, on comprend que la guerre pour Miyasaki est insensée et montre un manque d’humanité.

Cependant le contexte manque à l’appel. En d’autres termes, la guerre éclate entre deux villages mais aucune information sur les causes de celle-ci n’est donnée. On peut comprendre que l’intrigue ne se centre pas sur cette violence mais cette imprécision nous laisse dans un brouillard déstabilisant.

Un thème très abordé dans ce film est celui des apparences et de la beauté. Et aucun personnage n’y échappe. De ce fait, c’est avec Sophie et sa mère qu’on le remarque en premier dans la boutique de chapeau. Le lieu en dit déjà long sur le sujet. Quoi de mieux qu’un chapeau à la pointe de la mode pour attirer l’attention ? C’est ce que l’on comprend lorsque la mère revient avec un nouveau couvre-chef, fière de pouvoir se montrer avec. Ainsi, Sophie est également victime des apparences et de la beauté qu’elle estime ne pas avoir. En effet, quand sa sœur émet l’hypothèse que ce soit Hauru qu’il l’est aidée à venir jusqu’à elle, elle n’en croit pas un mot, étant donné qu’il ne s’intéresse qu’aux « jolies filles ». Une seconde fois victime des faux semblants lorsqu’elle se voit transformer en grand-mère, Sophie est le personnage emblématique de ce problème de la société. Elle retrouve sa jeunesse lorsqu’elle ouvre son cœur, mais dès que les doutes s’emparent d’elle, sa peau ridée revient à la surface. Elle est le symbole de la beauté intérieur et de la sagesse. C’est donc un personnage féminin âgé qui est le centre de l’intrigue, donnant un aspect féministe risqué mais bien utilisé dans ce film.

En outre, d’autres personnages sont également dominés par les masques, notamment grâce à des sortilèges comme celui où Marko se transforme en vieillard ou encore celui de Navet, l’épouvantail ensorcelé. Hauru utilise ce jeu de l’apparence avec ces multiples identités qui se retourneront contre lui, avec sa transformation pour le combat qui pourrait lui être fatale mais aussi lorsque ses cheveux changent de couleur par la faute de Sophie. Ici, la beauté est mise en avant comme un atout primordial du sorcier qui ne serait rien sans elle. Dans ce long métrage, les apparences sont parfois trompeuses. Mme. Suliman en est un parfait exemple car à première vue, c’est une femme droite et de conseils. Mais en réalité, la manipulation est l’un de ses points forts.

Chaque personnage est complexe, révélant plusieurs identités, et ainsi différentes personnalités se font face pour un mélange d’émotions et de sentiments uniques. Le château est perçu également comme une personne à part entière, notamment par ces différents emplacements. Comme les personnages, elle change « d’identité » dépendant du lieu où elle se trouve. Par ailleurs, elle se « métamorphose » même, donnant une vie à cette maison.

Ici, les sentiments sont très forts. Commençant par la notion de la vieillesse, Miyasaki dépeint le personnage de Sophie comme une vieille femme faible, pour qui on éprouve de l’empathie. Pour autant, elle réalise des tâches qui s’apparentent à des actions héroïques, montrant ainsi la force de cette dernière. Les besoins des autres passent avant les siens, c’est la notion de dévouement qui est mise en avant car Sophie se sacrifierait pour sauver ceux qu’elle aime. Pour l’amour, le personnage de Hauru évolue continuellement. Au début, il passe pour un être égoïste qui ne pense qu’à son propre bonheur, à sa liberté. Or, il apprend à aimer et parvient à faire passer les autres avant lui.

Pour ce qui est du graphisme, Miyasaki nous offre un spectacle sans nom. Les compositions sont d’une finition sans faille, entre des paysages à couper le souffle, la richesse des scènes de foule ou encore les détails du château qui est un assemblage gigantesque. Tout a été minutieusement réalisé donnant cette impression d’une animation faite à la main alors qu’elle est numérisée. Les couleurs sont représentatives de chaque évènement et émotion : très sombres et agressives lors des scènes de guerre ou encore quand la peur prend le dessus et très claires et vives montrant l’émerveillement, les sentiments. 

Miyasaki joue énormément sur la notion de champs/hors-champs. Ainsi lors des transformations de Sophie, ces dernières se font hors-champs, donnant l’impression qu’elle se trouve dans l’ignorance de ces changements. Les plans rapprochés sur les personnages lorsqu’ils expriment leurs sentiments se marient parfaitement avec les plans d’ensemble des paysages plongeant le spectateur dans leur monde. Les plans des rues du début ont tous une perceptive donnant cette sensation de profondeur. La plupart des plans se basent majoritairement sur des travelling permettant à l’œil d’identifier tous les éléments importants facilement, un basique du film d’animation.

Comme pour les autres films de Miyazaki, Joe Hiaishi est le compositeur musical de ce film d’animation. Ici, on retrouve le même thème, une valse avec des variations se mouvant et s’accordant parfaitement avec les évènements, qu’ils soient sentimentaux ou enjoués. Très symphonique avec des parties d’orchestre majestueux, il emporte le spectateur dans une ambiance qui donne vie aux images déjà d’une grande beauté.

 

Le dénouement de ce film est très complexe et recherché. Ainsi une réflexion est attendue pour comprendre toute l’histoire et les liens entre les personnages. Finalement, le message le plus important passé dans ce film est comme le dit Myiasaki : la vie vaut la peine d’être vécue.

 

Deniger Emeline T*3

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