Patterson, le nouveau film de Jim Jarmusch présent dans la sélection officielle du festival de Cannes, nous présente un jeune poète, conducteur de bus dans la ville de Patterson. Ce jeune homme, nommé Patterson, n'a d'échappatoire à sa routine que son art. Il est doté d'un talent certain et nous emporte par le biais de sa poésie dans un voyage onirique et charmant.
Ce film, même si il présente la routine d'un couple d'artiste dans une ville pauvre et délaissée du New-Jersey, n'a pas véritablement de longueur, grâce à des pointes d'humour bien dosées qui vous attacheront à ce couple atypique.
L'histoire en elle-même n'a pas grand intérêt mais permet de nous faire découvrir une facette de l'Amérique que nous n'avons pas souvent l'occasion de voir. Cela crée donc un contraste assez fort entre la réalité quelque peu morose que vit Patterson et la beauté et l'innocence avec laquelle il écrit. Il contemple toute chose et écrit ses poèmes en partant de rien pour en faire quelque chose de très touchant.
Le long métrage est en quelque sorte un hommage au poète William Carlos Williams (il est le modèle du héros), puisque lui aussi a vécu à Patterson et il est l'un des pères de l'imagisme (mouvement littéraire dont s'inspire Patterson). Néanmoins, il est aussi et surtout une réflexion poussée sur qu'est ce que l'art et sur ce qui fait un individu.
La réalisation est léchée et sobre, sans révolutionner le genre pour autant. De nombreux plans rapprochés, accentuent l'effet intimiste du film. De plus, la manière dont est présentée la ville, de nuit, est assez inquiétante, ce qui accentue encore le contraste, réalité, poésie.
Un film donc réussi de bout en bout de la part de Jim Jarmush, que je conseille à tous.
Gabriel Gramatikoff