Le traumatisme en trois étapes

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 4 Décembre 2023, 13:47pm

Le Consentement est le chef d’œuvre de Vanessa Filho, sorti en 2023 et adapté du récit de Vanessa Springora. Ce film traite l’histoire de l’autrice, notamment de sa jeunesse sous l’emprise de l’écrivain pédophile Gabriel Matzneff.

Les premières secondes du film sont consacrées à nous informer que ce film est une reprise de faits réels. L’histoire suit donc Vanessa (Kim Higelin), une jeune collégienne intéressée par la littérature qui vit seule avec sa mère (Lætitia Casta). Lors d’un repas, Vanessa rencontre Gabriel (Jean-Paul Rouve). C’est ainsi que le malaise prolongé commence. La jeune fille est sous le charme de cet homme quatre fois plus vieux qu’elle. La réalisatrice réussi a instaurer une instabilité dès le début du film avec des plans allongés sur les deux personnages, comme si elle nous forçait a ne pas fermer les yeux sur la situation. Ce à quoi on ne s’attend pas, c’est que le dégoût qu’on ressent aux premières scènes est loin d’être le pire. Le film dénonce notamment la protection de l’écrivain dans la société des années 80, face a sa manipulation revendiquée et publique de nombreu(x/ses) enfants. Guillaume Schiffman, le directeur de photographie fait de ce film une torture a voir, dans le bon sens du terme.

Les plans rapprochés sur Vanessa pendant les relations forcés que Gabriel lui fait subir, les plans larges récurrents du pédophile qui attend devant le collège de la petite et les très gros plans sur le visage de Matzneff comme si il s’adressait a nous donnent tous la nausée. La colorimétrie est réaliste, approfondissant l’aspect réel du film. Le jeu d’acteur, essentiel à un film tel que celui-ci, est fin, précis et percutant. Les cris de Kim Higelin sont poignants par exemple, comme lorsqu’elle apprend la déception de son agresseur quand elle n’a pas voulu coucher avec lui ou quand elle reçoit la lettre « d’amour »à ses dix-huit ans…

Le manque de musique lors des scènes choquantes nous impose toute la crudité de la scène et ancre le réalisme de la situation. A l’inverse, la composition d'Audrey Ismael lors des attentes de Gabriel accentue le malaise face à son insistance pour la jeune fille.

Nous pouvons relever la temporalité du film qui se déroule sur trois temps. D’abord Vanessa est jeune et encore « innocente », puis elle entre dans l’adolescence sous la manipulation de Gabriel Matzneff et enfin nous avons un saut dans le temps ou nous retrouvons Vanessa adulte (Élodie Bouchez).

Ce film est définitivement percutant et difficile a regarder, notamment pour les personnes sensibles. En revanche il vaut le coup d’être vu.