Le 15h17 pour Paris

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 4 Mars 2018, 17:01pm

Comment Clint Eastwood a-t’ il pu réaliser ce ... scénario ? Heureusement que ce n'est pas le sien ! Quelle insulte à ce personnage cela aurait-il été ? La faute revient au peu connu Dorothy Blyskal...

Pour résumer ce film (osons le terme), il s'agit d'une interprétation d'un événement particulier, un attentat bien connu qui s'est produit dans un train le 21 août 2015. Le Thalys était en direction de Paris et il transportait entre autres à bord 3 jeunes américains et un terroriste de "l'état islamique"... Le problème que le scénariste a du rencontrer, c'est que l'événement ne dure que... 20 minutes pour être large ! Le scénario qu'il a finalement écrit offrira (non pas un cadeau) au public un film de 94 minutes ! Il s'attarde donc sur le passé des trois américains, les "sauveurs de la France" ! Pour vous montrer que ce film est une erreur de l'histoire du cinéma (et je pèse mes mots) nous verrons tout d'abord très rapidement les grandes erreurs de ce scénario, puis la réalisation en général et enfin, nous finirons en apothéose avec des choix spéciaux du criminel réalisateur et de son complice, le scénariste.

Nous en avons déjà parlé, le scénario, l'erreur principale du film, ne s'attarde durant tout le long que sur l'enfance et les études des trois américains. On y découvre des détails de leur vie inutiles : le changement de collège de l'un, l'intégration dans l'armée de l'autre, le déménagement de l'un, le passage en Afghanistan de l'autre... Et tout ce passé est introduit par une courte séquence des trois jeunes dans une voiture avec une utilisation de la voix-off de l'un d'entre eux qui va dire, pour résumer : "Hey tu vois ces trois gars dans la voiture, et bien regarde quand on était petit"... Oui c'est résumé, mais c'est la pire séquence du film pour 3 grandes raisons. La première, c'est que c'est tout simplement une séquence clichés américaine. Elle nous sort de l'histoire, du film, elle fait irréelle pour un film qui se veut être une adaptation de fait réel. La deuxième, c'est une présentation des personnages rapide, c'est pour le réalisateur, le simple choix de la facilité ! La troisième, c'est tout simplement gênant, voir perturbant... Le passage du film où les trois américains vont commencer leur voyage à travers l’Europe est légèrement plus correct même si là aussi, c'est bourré de faux-raccords, de personnage inutile (à Rome, en Allemagne...) voir même d'une scène dans une boîte de nuit Hollandaise qui ne met pas à l'aise le spectateur, qui m’a personnellement plongé dans un malaise. Finalement, la scène dans le train ne dure que 10 minutes !

Parlons désormais de certains choix de la réalisation qui peuvent, dans une envie d'espoir, donner au film une touche positive... Une petite touche... Tout d'abord, il faut savoir que les personnages du film sont joués par leur éponyme réel. Ils ont vécu les événements et ce sont les premiers à savoir précisément ce qu'il s'est passé. Le film est donc très proche de la réalité ! Malheureusement, certaines des transitions étaient désastreuses... L'idée d'entrecouper le récit du passé des jeunes américains par quelques plans très rapides sur la situation même de l'attentat dans le train est plutôt bonne, mais elle ressort très mal à l'écran puisque ces plans sont mal choisis, et le montage n'est pas réussi : les pièces du puzzle ne sont pas dans l'ordre. Et puis c'est encore une fois la solution de la facilité : Rallonger le film et faire des transitions déjà vues et revues sur ce genre de film...

La France a, ces dernières années, été la victime d'attentats terribles qui l'ont secouée. Celui du Thalys est l'un d'entre eux mais il n'est pas celui qui a le plus marqué les esprits. La volonté était de parler, par le biais du cinéma, des horreurs de ces événements. Mais n'importe quel cinématographe français aurait probablement choisi de prendre pour exemple un attentat plus symbolique, ou celui qui aura le plus marqué les esprits ! Le choix de l'attentat du Thalys est simple : c'est parce que ce sont des américains qui ont sauvé les passagers du train. Le but de Clint Eastwood était de mettre en valeur "la grande, l'invincible, l'éternelle Amérique". Même si cette envie n'était explicite, il a tout de même parlé d'une Amérique ayant une armée puissante, agissant en Afghanistan et sauvant une France petite, ennuyante et faible face aux menaces terroristes. Dans leur voyage en Europe, les trois américains hésitent à poursuivre leur voyage jusqu'à Paris et beaucoup de personnes leur affirment que la capitale est très ennuyante. A côté de cela, les Etats-Unis sont continuellement mis en valeur. Lorsque nous voyons des militaires américains dans le film, ce sont des personnages charismatiques, forts et intelligents sortant tout droit d'une usine de clichés hollywoodiens (usine d'ailleurs très utilisée pour ce film). En revanche, lorsque le train arrive en gare juste après l'attentat, des agents de police français entre en action. J'ai eu la sincère impression de voir à l'écran des hommes déguisés, très ridicules ! Ce sont les américains qui indiquent aux soldats français d'une manière plutôt désinvolte où est le terroriste ! Et tous les plans sont bien centrés sur les héros du film américains et non sur tous les secours et passagers qui ont aussi aidé durant cet attentat. Le seul français que l'on retient de ce film, c'est François Hollande. L'avant-dernière scène du film (longue et inutile mais qui rajoute quelques minutes de plus au désastre du cinéma) est consacré à la remise de la Légion d'honneur aux Héros de l'attentat... Le film aurait très bien pu se finir ainsi mais il a fallu recentrer le film sur la force américaine en montrant les trois héros défilant dans un rues aux USA tel des consuls romains entrant dans Rome avec eux gloire et célébrités...

C'est une fin qui a su m'achever de déception, je remercie le monde que le film n'est pas tant fait parler de lui, probablement un manque de budget qui se ressent beaucoup dans le film. Répétons-le une dernière fois : Ne le regardez pas !!!

Romain Bayet

Razzia

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