Los Colonos : Un voyage déprimant jusqu'aux confins du monde

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 6 Juin 2023, 12:03pm

Los Colonos : Un voyage déprimant jusqu’aux

confins du monde :

Avant toute chose, je joins ci-dessous l’excellent dossier de presse concernant le film où il est notamment possible de trouver un entretien avec le réalisateur : https://cdn-medias.festival-cannes.com/uploads/2023/05/159816.pdf

Los Colonos est un film réalisé par Felipe Galvez et présenté au festival de Cannes 2023 dans la sélection « Un certain regard », dans ce dernier, le réalisateur nous donne une vision de l’histoire de son pays d’origine, le Chili, complètement refoulée par le gouvernement, une histoire de génocide, de massacres d’indigènes, de colonisation. On suit dans ce film le personnage de Segundo, jeune métis chilien forcé de chasser les siens sous les ordres de Bill, un chasseur d’amérindiens et du lieutenant McLennan, un ancien soldat britannique lui même sous les ordres de José Menendez, un riche propriétaire terrien qui souhaite créer une route vers l’Atlantique pour ses troupeaux de moutons, et ce, au prix du massacre des indigènes : « Vos troupeaux (…), dit on, sont maintenant si voraces et sauvages qu’ils dévorent même les hommes » Thomas More Utopie. Le réalisateur nous montre via son œuvre une réalité historique refoulée qui pourrait en réalité s’appliquer à bien des pays prenant leurs racines pourries dans le sang des natifs de nombreux pays colonisés.

D’un point de vue plus cinématographique, Los Colonos est un film contemplatif qui laisse dans son image, une place particulière au vide, ainsi nous sont offerts de nombreux plans d’ensemble, montrant l’évolution des personnages dans un décor immaculé, une nature encore inviolée par les colons. Cette place laissée au vide donne une importance toute particulière aux rencontres que feront les personnages tout au long du film, chaque homme a l’air d’un survivant dans l’immensité de ces plaines désertiques : du camp militaire, que l’ennui et la solitude poussent à la débauche, jusqu’au personnage de Martin, chef d’un camp et ancien soldat britannique à la cruauté apparente. Il est possible de trouver un autre point commun à tous ces personnages, la perte de leur humanité, tous se comportent comme des animaux, prêts à violer et massacrer, mais le personnage de Segundo, lui,(ainsi que le reste des indigènes) fait exception à la règle, il est un métis, un natif dans le camp des colons, il est le spectateur, le témoin impuissant de ces massacres qui fait de son mieux pour limiter l’hémorragie, le réalisateur nous inclut ainsi dans son film tel que nous sommes, des témoins de l’histoire, et en tant que tel, nous n’influençons l’histoire que par le récit que nous en faisons. Tous les éléments évoqués précédemment sont appuyés par l’une des séquences les plus importantes du film, où Segundo raconte le massacre de plus de 200 indigènes par McLennan à un haut dignitaire chilien, le massacre le plus important du film, qui ne nous est pas montré mais bien raconté. L’intention du réalisateur est de faire de nous des témoins, et il le réussit avec brio.

Los Colonos est, selon moi, un film particulièrement réussi dans les émotions qu’il arrive à transmettre, aussi bien un dégoût profond qu’une grande tristesse, il est un film intrinsèquement déprimant, le vide constant qui nous est montré, aussi bien dans les décors que dans les yeux des personnages, la haine permanente des uns pour les autres, la violence omniprésente découlant d’une forme de sélection naturelle Darwiniste primitive, tous ces éléments sont tristes, le recul qui nous est donné par le film met en évidence leur futilité qui ne fait que renforcer ce même sentiment de déprime grisâtre, Los Colonos est un film gris, un triste et macabre voyage jusqu’au bout du monde.

Sitbon Raoul 1ère4

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