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Blog des élèves de cinéma du lycée Baudelaire de Cran-Gevrier


Les Figures de l'ombre

Publié par Théliau Carlier, T02 sur 1 Juin 2021, 19:49pm

Les Figures de l'ombre

Les Figures de l'ombre

 

 

Sorti en 2017, "Les Figures de l'ombre" raconte l'histoire vraie de trois brillantes mathématiciennes noires, Katherine Johnson (Taraji P. Henson), Dorothy Vaughan (Octavia Spencer) et Mary Jackson (Janelle Monáe). Elles utilisent leur intelligence pour supplanter à la fois la ségrégation et le sexisme à la NASA et propulser les États-Unis dans la course à l'espace qui a dominé les années 1960. "Les Figures de l'ombre" est un film révélateur et motivant à regarder en l'honneur du Mois de l'histoire des Noirs.

Au début du film, nous rencontrons la version adulte de Johnson alors qu'elle est assise dans la voiture de Vaughan avec sa collègue de la NASA, Mary Jackson (Janelle Monae). Le dialogue entre les trois femmes permet d'établir un rapport facile entre elles et de présenter leurs personnalités. Vaughan n'a pas froid aux yeux, Jackson est une petite maligne au timing comique impeccable et Johnson est l'optimiste intelligente. Ils ont reçu une éducation similaire, mais chacun a ses propres compétences que le film va explorer.

Ce film raconte leur histoire avec l'un des meilleurs scénarios, la meilleure mise en scène et les meilleurs acteurs de l'année. Le coscénariste et réalisateur Theodore Melfi (qui adapte le livre de Margot Lee Shetterly avec la coscénariste Allison Schroeder) a une touche légère que l'on ne trouve pas souvent dans des drames de ce genre, ce qui rend le contenu d'autant plus efficace. Il sait quand laisser un indice visuel ou une coupe raconter l'histoire, s'appuyant sur des moments de répétition avant de payer avec des scènes de grande puissance. Par exemple, pour illustrer l'absurdité de la ségrégation dans les toilettes, Melfi répète les plans d'un pied qui tape nerveusement, suivis de courses de plusieurs kilomètres vers les seules toilettes disponibles. Cette blague récurrente culmine dans un discours de colère brillamment interprété par Taraji P. Henson. Cette scène bouleversante et émouvante a suscité en moi une forme de sarcasme envers le comportement indécent qu’on eut les membres de la NASA sur Katherine.

"Les Figures de l'ombre" ne minimise jamais les peurs et les oppressions de cette époque, notamment lors d’une scène où un policier vient contrôler les trois femmes en voiture. Bien que la situation du policier soit résolue de manière amusante et joyeuse, diverses oppressions sont omniprésentes, même lorsque nous ne les voyons pas. Le film développe en effet un rythme particulier entre les problèmes et les solutions, ce qui est cathartique sans être forcé.

En outre, le film met en scène plusieurs autres acteurs de premier plan dans des rôles secondaires, notamment Kevin Costner dans le rôle d'Al Harrison, Jim Parsons dans celui de Paul Stafford, Kirsten Dunst dans celui de Vivian Mitchell et Mahershala Ali dans celui du colonel Jim Johnson.

Par ailleurs, en termes de sujet et de choix de casting, "Les Figures de l'ombre" est excellent. Le film met en lumière les problèmes auxquels la communauté noire est confrontée et qui sont particulièrement pertinents aujourd'hui, notamment la discrimination sur le lieu de travail et l'expérience de voir ses réalisations diminuées au profit de celles de ses homologues blancs. De plus, la performance de Henson est exceptionnelle et ponctue le film de moments de conviction et d'émotion crédibles.

De surcroît, la musique de ce film est optimiste et vivante, et elle sert bien l'intrigue. En mélangeant des morceaux plus anciens de Ray Charles, Miles Davis et The Miracles avec des ajouts récents de Pharrell Williams, Mary J. Blige et Alicia Keys, la musique fournit un contexte émotionnel opportun aux scènes importantes.

 

 

Bien que "Les Figures de l'ombre" aborde de nombreux thèmes importants concernant l'injustice raciale et l'inégalité des sexes, il est évident que l'objectif de Melfi était de raconter une histoire réconfortante plutôt qu'une histoire historiquement exacte. En raison des libertés créatives que Melfi prend avec l'intrigue de "Les Figures de l'ombre", il est difficile d'établir ce qu'a été l'expérience réelle de Johnson à la NASA par rapport à ce que Melfi pensait être une source d'inspiration pour le film.

En effet, par exemple, dans la vie réelle, Johnson aurait déclaré que, lorsqu'elle travaillait à la NASA, elle utilisait de toute façon les toilettes "réservées aux Blancs". De plus, la NASA a été officiellement déségréguée en 1958 (alors que le film se déroule en 1961). Si Melfi a peut-être inclus cette partie de l'histoire pour mettre en lumière la réalité de la ségrégation dans d'autres régions du pays à l'époque, l'ajout de cette trame s'éloigne de ce que Johnson a réellement vécu à la NASA.

 

Toutefois, la fin du film donne un aperçu de ce que les vraies Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson ont accompli par la suite. Johnson a effectué des calculs essentiels pour les missions Apollo 11 et la navette spatiale, Vaughan a continué à servir en tant que premier superviseur noir de la NASA et Jackson est devenue la première femme noire ingénieur de la NASA. En 2015, le président Obama a décerné à Jackson la médaille présidentielle de la liberté.

 

Malgré ses nombreux succès, "Les Figures de l'ombre" n'est toujours pas à la hauteur. On a l'impression que Melfi s'est tellement attaché à la nature positive de l'intrigue que certaines luttes importantes auxquelles les personnages principaux sont confrontés sont rapidement introduites puis survolées, ce qui ne permet pas au public d'assimiler pleinement la gravité du racisme et du sexisme dont ont été victimes des femmes comme Johnson, Vaughan et Jackson.

 

 

 

Bien que "Les Figures de l'ombre" fasse des progrès significatifs en racontant une histoire importante et historiquement négligée, le fait d'adhérer avec plus de rapidité aux expériences des femmes qui les ont vécues aurait donné un film meilleur et plus complet. Toutefois, "Les Figures de l'ombre" n'est pas ce genre de film qui définit son ou ses personnages principal(aux) à de brillants esprits scientifiques ou mathématiques, se concentrent souvent sur l'ego de leur sujet. C'est une histoire de génie, mais pas d'ego. C'est une histoire de lutte et de volonté, mais pas de gloire individuelle. Et c’est tout cela qui le rend tant atypique.

 

Théliau Carlier, T02

 

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