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Blog des élèves de cinéma du lycée Baudelaire de Cran-Gevrier


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Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 24 Mai 2020, 09:36am

Catégories : #romance, #Drame

  Porth Autority est le premier long métrage de Danielle Lessovitz, collaboratrice artistique du film Mobile Homes. Ce drame sorti en septembre 2019 conte le parcours de Paul (incarné par Fionn Withehead) entre plusieurs univers dans la ville de New-York. Un voyage simple, pur et franc tant dans l’image que dans l’histoire.

  Paul, un jeune homme en liberté conditionnelle originaire de Pittsburgh débarque à Port Autorithy, la plus grande gare routière à l’extérieur de cette métropole. En attendant sa demi-sœur il est séduit par une jolie fille, Wye (interprétée par Leyna Bloom), qui, sur un trottoir, vogue avec ses amis. Ce n’est pas les seules personnes qu’il va rencontrer.. Celui-ci va se retrouver partager entre deux univers opposé.

  L’histoire d’amour entre deux personnes que tout oppose est un scénario plus que classique mais ici les deux amant.e.s ne sont pas opposé.e.s par leurs familles officielles car iels n’en ont plus. C’est d’ailleurs la première intrigue, la quête implicite de Paul, car la sienne ne semble pas vouloir de lui, comment va-t-il palier à ce manque. La première séquence est  celle où son seul repère dans cette immense métropole ne vient pas le chercher. On le voit, plutôt fixe, dans cette foule mouvante de la gare de Porth Autorithy, demandant aux passant.e.s s’iels ont vu sa sœur. La caméra tourne autour de ce dernier, ce qui appui son désarroi. Suite à cela en sortant fumer  il aperçoit Wye avec qui il échange un regard, une musique planante renforce une supposée attirance mutuelle. La deuxième intrigue est posée : comment cette relation va-t-elle évoluer ?

  C’est dans le métro que Paul va rencontrer sa première famille de substitution. Cette séquence débute par un plan très rapproché sur son visage, comme fréquemment tout au long du film. Alors qu’il tente de dormir dans le métro deux individus viennent lui voler sa casquette et le railler, ce qui mène à une violente altercation. Même durant cette bagarre c’est un gros plan, voir un très gros plan. Alors que Paul est au sol et que ses agresseurs ne le lâche pas, Lee (joué par McCaul Lombardy) intervient. Durant cette séquence la caméra tremble au rythme du métro, ce qui lui ajoute cette authenticité que j’ai tant apprécié. Il devient alors son sauveur, son repère. Un repère qui va lui fournir un toit dans un accueil pour SDF mais aussi l’embarquer dans ses activités nébuleuses, le délogement de familles qui ne peuvent pas payer leurs loyers. Une activité que Paul va exercer à reculons, il semble désemparé pendant sa première intervention. Lorsqu’il rentre au centre on le voit dans un couloir sombre et étroit qui exprime son état d’esprit, son malaise.  Très tôt, juste après l’agression, Lee va faire comprendre qu’il n’aime pas les « faggots» (insulte homophobe, « pd » en français). Les insultes à  caractères homophobes fusent dans nombres de situations avec la bande de Lee, lorsque lors d’une soirée ce dernier va demander à une fille de « s’occuper de lui » et que celui-ci va refuser, notamment.

  Une nuit il entend de la musique et sort du dortoir, il aperçoit alors en contrebas, à travers un grillage et  des escaliers, Tekay (incarné par Devon Carpenter), une sœur de Wye, en train de voguer. Ces obstacles à la vision témoignent de l’éloignement de leurs deux mondes. La lumière autour du danseur est jaune comme à chaque fois au fil du film quand un membre de la famille de Tekay et Wye dansent. En effet Wye fait partie d’une house, famille de substitution car pendant longtemps les personnes trans ou homosexuelles était rejetées par leurs familles. La lumière est donc jaune dès lors qu’un des membres de cette famille danse, comme par exemple, chez eux, dans la boite de nuit queer, quand Wye met des paillettes sur le visage de Paul dans les loges ou encore devant l’immeuble de cette dernière. De manière plus générale tout ce qui se rapporte à Wye et son univers est d’une couleur chaude tandis que ce qui se rapporte à l’univers de Lee est de couleur froide. Le parfait exemple est lorsque Wye ne veut plus lui adresser à la parole à  cause de ses mensonges. Paul continue sa vie, son quotidien de manière automatique, au centre, son job, toujours dans une luminosité verte ou bleu mais constamment un rappel de couleur, de lumière, rouge est présent : il pense à Wye. La lumière rouge est celle de la pizzeria où iels se parlent pour la première fois où il lui affirme que lui, il ne lui mentira jamais. Cette lumière rouge plutôt intense peut être une symbolique classique de l’amour, le fait qu’il ne sourisse qu’en sa présence en est une autre puissante.

  Ses deux mondes vont se confronter frontalement pour la première fois lorsque Lee et Nix (l’acolyte de Lee, joué par William Dufault)  vont tabasser Tekay. Ils l’accusent de lui avoir volé son téléphone mais surtout d’être homosexuel. C’est à partir de ce moment-là que tout dérape pour Paul, ces deux univers opposés en se rencontrant, s’endommagent.

  Les gros plans et très gros plan sont quasiment la norme tout au long de ce film. Ils ajoutent une certaine authenticité à l’image. Il n’y aucune recherche de sensationnel mais un grand travail autour des luminosités. L’image est brute, il n’y a pas artificialités.

  Un joli film, regorgeant d’authenticité, de naturel, grâce à l’image et aux jeux des acteur.ice.s.

Zoé Allot - - Cauchard

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