Iris

Publié par Carla Bouclier sur 27 Novembre 2016, 22:51pm

Catégories : #Thriller

Thriller de manipulation. Intrigue noire et élégante. Scénario trouble, sulfureux. Mélange de tension et de sensualité.

Jalil Lespert réalise Iris, long-métrage en salle depuis le 16 novembre 2016. Le scénario s'inspire d'un film japonais, Chaos d'Hideo Nakata, mais le film est bel et bien français. Un film noir qui déjoue les codes du thriller.

Le casting réunit Romain Duris, qui interprète Max Lopez, mécanicien divorcé dans une situation financière difficile, Charlotte Le Bon dans le rôle de Claudia, mais également Jalil Lespert qui s'attribue le personnage d'Antoine Doriot, banquier. Le synopsis parait simple : la femme d'Antoine, Iris, est kidnappée. Le duo d'enquêteurs (joué par Camille Cottin et Adel Bencherif) est chargé de retrouver le coupable. Mais l'histoire est loin d'être évidente. Un jeu de manipulation est très vite mis en place et, si le spectateur pense en savoir un peu plus que les deux enquêteurs, il n'est guère plus avancé. L'incompréhension persiste.

Les scènes s'enchainent sans chronologie apparente. Les différentes histoires s'entrecoupent sans transitions visibles et le moindre indice vestimentaire, de lieu ou de regard, devient un point de repère pour le spectateur. Les regards entre les personnages ont une importance de premier ordre, car, si les pièces du puzzle ne s'assemblent pas d'elles-mêmes par la construction scénique, on ne peut pas dire que les personnages y mettent vraiment du leur ! Les liens entre eux se tissent, mais comment distinguer les apparences mensongères des vraies relations ? Impossible de deviner. Se connaissent-ils ? Quel est leur rôle dans cet enlèvement ? Les rapports de force ne cessent de s'inverser. Qui manipule qui ? Nous sommes en face d'un jeu d'acteur remarquable, sans faute, où chacun construit un personnage à plusieurs facettes en interprétant leurs différents visages à merveille. Ce sont des personnages de genre, très assumés. L'archétype de la femme fatale, du mécanicien aux problèmes financiers sont inspirés de figures déjà existantes. Mais le jeu de miroir présent entre les personnages apporte une réelle particularité à ce film. En effet, que ce soit entre les deux hommes, Duris et Lespert, ou entre Charlotte Le Bon et Hélène Barbry (Iris) les deux figures féminines de l'histoire, il y a une certaine ressemblance. Le choix d'acteur est de ce point de vu d'autant plus pertinent. Ces deux doubles physiques participent à l'étrangeté de ce long-métrage.

Le décor parisien a son rôle dans l'atmosphère créée. Paris est filmée avec beaucoup d'esthétique, de style. Les images sont belles, les lumières et les couleurs donnent à certains plans l'impression de photographies. Le chef-opérateur Pierre-Yves Bastard a effectué un joli travail sur les lumières et le bleu est très présent. Le film s'ouvre sur un premier plan froid. Les personnages progressent dans un cadre glacial et oppressant. Eux-mêmes se retrouvent pris au piège de leur propre histoire. Cette froideur installe une urgence, une tension qui ne lâche ni les protagonistes en prise directe avec leurs actions, ni les spectateurs incapables de décrocher leur regard du grand écran. La tension nous tient du début à la fin. Le rythme rapide, les plans qui s'enchainent les uns les autres entraînent le public et ne lui permet de donner sens et cohérence à tous ces éléments qu'après être sorti de la salle, lorsque les idées redeviennent plus claires. Un film qui ne demande qu'à être vu et revu afin de saisir tous les enjeux et rôles de chaque personnage !

Iris ou une belle expérience cinématographique en perspective !

Carla Bouclier

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