El Presidente (La Cordillera, de son nom argentin) est un film de 2017 réalisé par le réalisateur Santiago Mitre. Ce jeune réalisateur revient en salle avec un troisième long-métrage qui a déjà eu beaucoup de succès. Il a effectivement été présenté en sélection officielle pour «un certain regard » au Festival de Cannes en 2017, et a reçu le prix Arte international au projet à Cannes en 2016.
Ce thriller politique met en avant un président argentin (incarné par Ricardo Darín), en voyage dans la Cordillère des Andes au Chili pour un sommet avec les autres chefs d’états des pays d’Amérique du Sud, qui se retrouve inclus, ainsi que sa fille, dans une affaire de corruption à cause de son gendre. Considéré par la presse et les autres politiciens comme un homme «normal » et un président « invisible », Hernán Blanco tente de se faire une place à ce sommet tout en essayant de régler corruption et instabilité familiale.
Le scénario réalisé par Santiago Mitre et Mariano Llinás comporte un parti-pris très intéressant avec les nombreuses péripéties qui surviennent dans le thriller et que l’on ne devinerait pas instinctivement. La dimension politique en parallèle avec la relation filiale entre le président argentin et sa fille ainsi que les affaires de corruption qui s’ajoutent, déstabilisent le spectateur et rendent l’histoire très complexe. D’une part, elle permet une pause entre les différents débats politiques, d’autre part cela étouffe le spectateur et marque les dilemmes que doivent traiter les présidents en général. En effet, une des intentions du réalisateur a été d’appuyer la question de l’isolement et cela est très réussi en comptant les nombreux éléments de l’histoire. Cependant, de multiples détails sont laissés en suspens et la fin du film ne répond pas entièrement à toutes les attentes du spectateur. On pourrait se dire que cela est un parti pris du réalisateur, mais malgré tout la fin manque de sens.
Un des points particulièrement fort de ce long-métrage est la photographie réalisée par Javier Juliá. Les chaînes de montagnes, l’immense hôtel de bois au milieu de nulle part et ces routes aux destinations inconnues : ce décor de neige est à couper le souffle. Esthétiquement le spot de tournage est évidemment magnifique, mais il reflète aussi des thèmes importants auxquels le film se consacre. L’inconnu, pour Hernán Blanco, devenu président argentin depuis peu, qui se retrouve au Chili pour le sommet dans un endroit qu’il ne connaît pas, perdu au milieu des montagnes, mais c’est aussi l’inconnu au niveau de sa carrière avec ses problèmes de corruption et de famille. Puis la solitude, qui se révèle grâce aux longues scènes de paysages où il n’y a rien d’autres que des grandes plaines enneigées. Le montage, fait par Nicolás Goldbart, appuye les tensions du contexte politique avec des séquences longues, qui persistent dans le temps, que ce soit en intérieur lorsque les chefs d’états ou leurs secrétaires reçoivent un appel, ou en extérieur quand la voiture du président doit se rendre à un rendez-vous important. La musique, composée par Alberto Iglesias, est plutôt un bon support pour le film. L’ambiance de stress et de suspens provoquée par des accords politiques et par les affaires de corruption est bien présente. Pourtant, ce n’est pas une bande originale qui vous transporte et vous transperce.
En somme, c’est un film que je conseille si vous avez envie d’un thriller un peu différent, en VO le charme de l’espagnol rend la projection toujours meilleure.
Juliette Suchel
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