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Blog des élèves de cinéma du lycée Baudelaire de Cran-Gevrier


Big fish & Begonia

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 25 Avril 2019, 10:16am

Catégories : #Animation, #merveilleux, #Asie, #Poésie

D'où viennent les Hommes ?

Qu'y a-t-il après la Mort ?

Le monde dans lequel nous vivons est il véritablement le seul qui existe ?

 

Toutes ces questions tournaient en boucle dans la tête de Barnabé. Nous étions en fin d'après midi, et le ciel rayonnait d'une belle couleur orangée tandis que quelques nuages voguaient au loin. On venait de lui raconter une histoire. Une histoire bien étonnante, imprévue, qui l'avait poussé au loin comme le courant emporte une coquille de noix. Au tout début, il n'avait pas écouté. Cette vieille dame qui s'était soudainement mis à parler d'un monde folklorique, il l'avait pris pour une folle quémandant quelques piécettes. Pourtant, Barnabé ne savait trop pourquoi, il était resté l'écouter. Peut être était ce à cause de l'expression pénétrée qu'avait soudainement pris la vieille femme ?

 

Elle parlait d'un autre monde, situé en dessous de celui des Hommes et rempli d'animaux plus folkloriques les uns que les autres, dans lequel vivaient les "Autres", un peuple maîtrisant les éléments et conduisant les humains vers la Réincarnation. Plus précisément, elle contait l'aventure de Chun, une jeune femme faisant partie de ce clan qui, en voulant ramener un humain à la Vie, avait failli conduire son peuple à la Mort.

" Vois tu, à l'âge de 16 ans, tous les enfants du peuple devaient passer une semaine dans le monde des Humains afin de se familiariser aux règles de la Nature, expliquait-t-elle. C'est à ce moment là que Chun a été sauvée par un jeune humain, qui y a laissé la vie pour elle, et c'est pour cette raison que la jeune fille voulait aider ce garçon. Mais ce périple lui a attiré les foudres de son Peuple, car c'est transgresser les Cieux que de vouloir vaincre la Mort…"

L'histoire qu'elle lui avait alors contée l'avait bouleversé. Ce n'était pas un conte au schéma narratif habituel, mais pourtant l'aventure de Chun lui avait parut tellement vrai et belle… C'était une histoire qui sortait des sentiers battus avec fracas, pour tailler un magnifique chemin dans l'inconnu, et il avait bien vite compris pourquoi. En effet, cet univers déluré semblait tout droit sortir du folklore chinois, la voix de la grand-mère éveillait en lui des paysages orientaux lointains et des temples asiatiques abandonnés, où l'air pur embaumait des parfums de Coriandre. Lorsque Barnabé avait fermé les yeux, il avait pu observer avec surprise et ravissement des tableaux de toutes les couleurs, emplis de moult détails. En tendant la main il était presque sûr qu'il aurait pu effleurer des eaux vivaces, qui se tordaient sous les rayons du soleil telles les branches d'un arbre. Il voyait avec effarement se peindre derrière ses paupières tout un monde, emplie de créatures fabuleuses aux ondulations fluides, un monde de vies et de mouvements que la lumière du ciel sublimait à merveille.

Le récit de la vieille dame l'avait également amené à se reconsidérer soi-même, à plonger au plus profond de son être. A travers l'odyssée de Chun, la grand-mère avait abordé plusieurs thèmes : le passage à l'âge adulte, l'amitié, le devoir, l'amour, la mort… Des thèmes symbolisés par des éléments naturels présents à chaque image que le conte suscitait en lui, et vus au travers de la religion chinoise avec profondeur et humanité. C'était une immersion totale, totalement différente de l'ordinaire… Les émotions qu'elle lui transmettait au travers des images, des sons, faisaient battre son cœur d'un élan nouveau. Elles le conduisaient à remettre en question l'étroitesse du monde dans lequel il s'était enfermé, et le poussaient à reconsidérer ses croyances. Il aurait pu se laisser bercer des heures dans la voix mélodieuse de la vieille femme.

 

Lorsqu'elle s'était tue, Barnabé avait mis un moment avant de sortit de sa torpeur. Il avait cligné des yeux, plusieurs fois. L'univers qui l'entourait lui avait alors semblé nouveau, brillant d'une Autre lueur. Il s'était alors tourné vers la vieille dame, dans l'intention de dire quelque chose, un ressenti, une question…

Elle n'était plus là.

Comme si tout cela, en fin de compte, n'était qu'un rêve…  

                         Marie-Lou Lejeune, 1S4

 

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